Vendredi, 9 août 1996.

COMMUNIQUE DE PRESSE


Première rencontre contre le néolibéralisme et pour l’humanité, 
organisée par l’Armée zapatiste de libération nationale (EZLN): 

Des Zapatistes du monde entier contre le néolibéralisme.


La Première rencontre intercontinentale contre le néolibéralisme et pour
l’humanité, qui a rassemblé 3000 personnes provenant de 43 pays dont une
trentaine de canadien-ne-s, a permis de constater le caractère universel et
inhumain des politiques néolibérales et l’urgente nécessité de créer un
réseau international de résistance et d’accroître le soutien aux communautés
autochtones zapatistes. 

Les échanges réalisés entre les participants des cinq continents durant les
tables de discussions ont traité des effets dévastateurs des politiques
néolibérales qui, au Canada et au Québec, s’opèrent par le démantèlement des
programmes sociaux et la réduction des dépenses publiques. Qu’elles soient
menées au nom de la lutte au déficit ou du paiement de la dette externe du
tiers-monde, ces politiques néolibérales constituent "une offensive globale
contre la vie et l’humanité, à l’échelle planétaire, qui se traduit en
appauvrissement, chômage, effritement des droits sociaux, privatisation des
biens et services publics, destructions écologiques, désintégration des
organisations sociales, autoritarisme (…)  et soumission de tout ce qui est
humain à la logique de l’argent et du marché" (Table politique).

Pendant que ces politiques néolibérales condamnent des millions de personnes
à la misère et même à la mort, leur application bénéficie à une poignée de
grandes entreprises qui concentrent le pouvoir et les richesses de la
planète entre leurs mains. Les participants à la Première rencontre
intercontinentale contre le néolibéralisme et pour l’humanité se sont donc
prononcés contre le paiement de la dette publique et de la dette externe et
contre les traités de libre-échange (ALENA, APEC, Maastrich). 

Ils se sont engagés à effectuer une vaste consultation, dans chacun de leur
pays, autour d’une déclaration politique intitulée Deuxième déclaration de
la Realidad pour l’humanité et contre le néolibéralisme. Cette déclaration,
présentée en plénière par le sous-commandant Marcos au nom de l’EZLN,
reprend les conclusions de la rencontre intercontinentale en termes généraux
et appelle à la création d’un Réseau intercontinental de résistance contre
le néolibéralisme qui ne sera pas centralisé. Ce premier réseau s’appuiera
sur un second réseau, un réseau  intercontinental de communication
alternative qui utilisera tous les moyens possibles (journaux, Internet,
fax, radio, vidéo) pour favoriser les échanges et la communication entre les
centres de résistance au néolibéralisme dans le monde entier.

Lors de la Première rencontre intercontinentale contre le néolibéralisme et
pour l’humanité, les participants ont aussi manifesté un appui unanime à la
lutte des communautés autochtones zapatistes du Chiapas qui figurent parmi
les secteurs les plus pauvres et les plus affectés par les politiques
néolibérales et par l’Accord de libre-échange Nord-américain. La Première
rencontre contre le Néolibéralisme s’est terminée par une condamnation de la
militarisation dans le Chiapas et d’autres régions du Mexique. Il fut
demandé au gouvernement mexicain de retirer immédiatement ses troupes du
Chiapas et des autres régions militarisées dans le pays et de respecter les
droits humains de la population.

Notre séjour nous a confirmé que, malgré la trève et l’absence apparente de
combats dans le Chiapas, la guerre de basse intensité continue à faire des
victimes. Par exemple, une mission d’observateurs du Centre des droits
humains Fray Bartolomé de Las Casas (archevêché) a constaté de nombreuses
exactions dans la zone nord de l’Etat du Chiapas, dans la municipalité de
Tila. Durant le mois de juin, plus de 30 personnes ont perdu la vie et
plusieurs autres ont été détenues ou sont disparues et environ 1400
personnes ont été déplacées. Une centaine d’entre elles se cachent toujours
dans les montagnes, sans réserves de nourritures et de médicaments, parce
qu’elles  craignent pour leur vie. Une bonne partie de la population
(autochtone et paysanne) affectée par ces violations des droits humains est
membre du PRD (parti d’opposition). Les responsables de ces exactions sont
identifiés par la mission d’observation comme étant les groupes
para-militaires liés au PRI (le parti officiel au pouvoir depuis 67 ans), la
Sécurité publique et l’armée fédérale.

Aministie Internationale a déjà condamné le Mexique pour les nombreuses
exactions perpétrées en toute impunité par la police, la Sécurité publique
et l’armée fédérale. Le Réseau de solidarité avec le Mexique a aussi dénoncé
cette situation à de nombreuses reprises auprès du ministre canadien des
Affaires étrangères, M.Lloyd Axworthy mais le gouvernement canadien n’a
jamais manifesté la moindre préoccupation face aux violations persistantes
des droits humains au Mexique. A l’ère du néolibéralisme, le Canada préfère
fermer les yeux sur la répression perpétrée par son partenaire commercial
mexicain. Cette répression permet d’imposer des politiques économiques
néolibérales de misère et de mort et de maintenir un contexte "propice" aux
investissements des grandes entreprises étrangères, dont les entreprises
canadiennes.
En plus de tirer profit de la main-d’oeuvre à bon marché, mal-protégée par
les lois du travail, les grandes entreprises canadiennes espèrent aussi
récolter les fruits des privatisations massives auxquelles s’opposent la
population mexicaine. 

	Ce sont ces politiques néolibérales et la répression systématique pour
mater l’opposition qui ont conduit au légitime soulèvement des communautés
autochtones zapatistes du Chiapas.
 
Réseau de solidarité avec le Mexique (section Montréal)
-30-

ORGANISMES REPRESENTES DANS LA DELEGATION CANADIENNE


La délégation canadienne qui a participé à cette rencontre historique était
formée d’une trentaine de personnes, la plupart représentant des organismes
de solidarité avec l’Amérique latine et des groupes de défense des droits
sociaux.

Centre d’appui aux Philippines  - Montréal
Salut le monde - Montréal
Association pour la défense des droits du personnel domestique - Montréal
Eastern Door (journal  mohawk)
Développement et Paix 
Latin America Connexions (journal) - Vancouver
Aquelarre (revue) - Vancouver
America al dia (émission à Coop Radio) - Vancouver
Réseau de solidarité avec le Mexique (sections Montréal et Toronto)
Département études en dév.international, St Mary’s University - Halifax
Social Justice Metropolitan Network - Toronto
First Nation Support Group - Ottawa University
Trent International Student Association - Peterborough
Canadian Lawyers Ass. Intern.Human Rights